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Conseil stratégique : pour une sortie de crise par le haut

La pandémie de Covid-19 va profondément affecter la filière. Un groupe de travail a été créé pour imaginer une consolidation de son avenir.

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L’interprofession Val’hor est montée au créneau dès le début de la crise pour tenter d’apporter des solutions à tous les métiers qu’elle représente. À court terme, avec la sensibilisation des médias et du grand public, la re­cherche de toutes les solutions pour débloquer ce qui pouvait l’être, l’information aux entreprises. À moyen terme, avec la coordination des actions menées par Val’hor et les fédérations vis-à-vis des ministères, des élus, un travail en lien avec un cabinet d’audit désigné pour évaluer les pertes des sociétés de façon indiscutable, ou encore la communication de sortie de crise. Ces derniers aspects sont gérés par le conseil des présidents, soit les représentants des dix familles rassemblées au sein de Val’hor, qui se réunissent par téléphone tous les mardis matin.

Mais pour gérer la suite, Mikaël Mercier, président de Val’hor, a également souhaité mettre en place un Conseil stratégique composé de dix-neuf personnalités (lire l’encadré), une sorte de comité des sages pour travailler sur l’après-crise. Tous les membres sont des professionnels, représentatifs de leurs métiers, connaissant parfaitement la filière, en exerçant souvent plusieurs activités : producteur et distributeur, paysagiste et producteur… Mais ils ne sont pas membres d’une des ins­tances de décision­ de Val’hor et c’est un choix assumé.

Quelle offre de produits français ?

Mikaël Mercier a aussi souhaité que ce soient des personnes capables de prendre des décisions, dont le regard et la prise de recul permettent de réfléchir à la manière dont la fi­lière peut être encore plus opérationnelle après la crise. L’objet de ce conseil est de réfléchir à toutes les solutions pour sortir de cette situation inédite par le haut. Ces personnalités vont pouvoir débattre de façon totalement libre sur des sujets comme l’offre française, les liens entre les opérateurs, l’adéquation entre offre et demande, la logistique et la résilience des produits.

Ce Conseil stratégique a été placé sous la présidence de Benoît Ganem, ex-président de Val’hor, un professionnel de la distribution qui a toujours ardemment défendu la production au sein des instances professionnelles. Fait à noter au niveau de l’interprofession, ce conseil dispose de trois mois pour proposer ses orientations.

« Aucun sujet ne sera tabou, tout sera mis sur la table, promet Mikaël Mercier. La filière a été tellement secouée par cette crise. Chacun comprendra qu’il faut savoir être innovant et pragmatique afin de trouver les bonnes solutions, entre les acteurs, pour que chacun s’en sorte. »

Une réflexion sans freins et sans limites

« Nous devons rendre une dizaine de pistes de travail, sans freins, en réfléchissant sans se fixer de limites, en étant seulement convaincus d’une chose : demain ne ressemblera pas à hier. Il faut faire de cette crise une opportunité. Nous sommes porteurs d’idées, nous voulons les mettre au service de la filière. Nous devons en sortir un peu moins individualistes et un peu plus portés à travailler ensemble. La demande de Mikaël Mercier a réveillé la fibre du collectif que j’ai toujours soutenue, la production, à la base de nos métiers, a toujours été pour moi une priorité lorsque j’étais président de Val’hor », explique Benoît Ganem.

La production faisant aujourd’hui partie des maillons les plus fragiles de la filière, il estime qu’avec Fleurs de France « des points ont été marqués. Notre feuille de route nous demande de trouver un équilibre entre production et distribution, nous devons nous demander comment la filière doit accentuer ses moyens et capacités de décision et d’action au service de l’économie du secteur, qui représente 170 000 emplois en France. La plante est bien un sujet de territoire national. Je par­tage des vues comme “le végétal est essentiel à la vie” mais dans cet exercice l’objectif est autre. Beaucoup d’entreprises vont ressortir économiquement lessivées de cette crise. Il faut être pragmatique et mettre notre énergie, nos moyens, nos organisations au service de la filière. »

Mettre en commun les besoins de chaque métier

Quant à savoir comment le travail va être réalisé, Benoît Ganem poursuit : « Nous devons analyser les besoins propres à chaque métier. Puis comment nous devons les mettre tous en commun, comment nous nous sécurisons les uns et les autres afin que certaines professions n’aient pas l’im­pression que lorsque l’autre cherche à travailler avec lui, seul le profit compte. À chacun de faire vivre­ l’offre végétale, mais si demain le produit horticole n’existe plus, nous irons vendre du “pet food”, mais plus des plantes, une situation impensable pour beaucoup d’entre nous. Il faut donc jouer plus collectif dans l’objectif de sauver le produit, réfléchir sans barrières, sans revenir sans cesse au passif qu’il peut y avoir entre les professionnels. Nous allons essayer de travailler comme si nous ne connaissions pas le sujet, sans les a priori qui font que nous “pestons” sans toujours en exprimer le pourquoi, mais plutôt en se demandant de quelle manière nous organiserions le secteur objectivement et collectivement si nous y étions externes. »

Pascal Fayolle

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